
Sculpture “Spirit“ 2022
par Leila Licchelli | 2022 | 1500 | Sculpture, Technique mixte
Spirit, Sculpture – assemblage, 44 x 70 x 23 cm, 2022.
Socle : bois et métal H :70 cm / Sculpture à environ H :110 cm.
Matières et conception
Plumes d’oiseaux : Corneilles, milan, buses, mouettes et autres espèces.
Plâtre, pâte à bois, polystyrène, peinture acrylique, tissu, colle.
1. Collection de plumes
2. Réalisation du moulage de mon visage en plâtre et pâte à bois.
3. Réalisation de la forme globale en polystyrène
4. Peinture acrylique noire.
5. Piquetage des plumes.
6. Assemblage des éléments et finitions.
Genèse du projet
Les plumes sont à l’origine du travail. Je collectionne depuis longtemps les traces d’animaux sauvages. Ces traces me fascinent. Avec mes enfants, nous habitons près d’un château et nous avons pour rituel d’aller jouer dans son parc au jeu du mouchoir. De hauts arbres entourent ce parc, où une centaine de corneilles ont établi leur nid. Ces volatils perdent leurs plumes pendant leur vol et en font aussi tomber des nids. J’ai collecté plus d’une centaine de plumes au cours des saisons 2020- 2021.
Les plumes des paons proviennent de volières chez des particuliers. Les autres plumes de mouettes, de Milan et de Buse, proviennent des champs et du bord des routes.
Le travail a commencé il y a une année, au moment de confirmer ma participation à cette exposition. Il s’est déroulé par étapes, lors de moments où je m’organisais pour être seule.
Les plumes étant le point de départ, elles ont rencontré le thème Invisible. Je souhaitais réaliser un vêtement fait de plumes, pour un personnage invisible. L’idée s’inscrivait en continuité avec l’exposition réalisée à la Galerie le Vide-Poches (2019) ayant pour thème Double-face où j’avais présenté deux vestes. Ces vestes étaient les reflets de mon identité à l’instar des vestes dont les punks ou les amateurs de musique métal s’affublent et dont ils ont personnalisé l’aspect pour s’affirmer. La première veste avait des vertèbres de chamois dans le dos qui formaient une épine dorsale. Elle était ornée de dessins d’animaux alpins et de symboles montagnards. L’autre était en queue de pie chamarrée et ornée de plumes d’aigles. L’esprit punk qui se dégageait de la première veste et sa forme me firent rendre hommage par le titre à H.R. Giger (“Hommage à Giger“). Ces deux objets pouvaient tout à fait se porter et témoignaient d’une intériorité tout en étant des apparats extérieurs.
Le thème invisible m’inspirait les esprits et le monde intérieur. L’idée de la veste ne fonctionnait plus, le vêtement étant ce qui entoure alors que je souhaitais montrer quelque chose d’intérieur. Le reflet de l’identité ne jouait plus car je voulais témoigner de quelque chose d’invisible et d’illimité. D’autant plus que le vêtement devait prendre une forme et que cette forme serait automatiquement connotée. Alors comme dans beaucoup de mes réalisations, la sérendipité a fait évoluer le projet. Ma vision du début a changé, s’est modifiée, est revenue à l’idée de base pour s’affiner. Le foisonnement des liens et des idées, en créant une arborescence, a permis que je l’élague pour garder l’essentiel.
Dans cette gestation artistique, il me semble que c’est l’objet qui veut exister. Je pose des actions sous l’impulsion de quelque chose d’extérieur. Ce travail se rajoute à une vie bien chargée où je ne demande qu’à me reposer. Mais je le fais, poussée par un instinct, une pulsion créatrice proche de celui de la survie, de l’urgence. En cours de route, je n’aime pas beaucoup communiquer sur le projet, un peu comme une grossesse dont on ne peut parler qu’une fois sûr qu’elle va tenir. Et surtout, je ne peux pas expliquer pourquoi je fais ça ou à quoi ça sert, donc j’évite le sujet. Je ne choisis pas vraiment de créer, je laisse agir mon intuition et cette chose sort de moi toute seule.